Le 21 octobre dernier avait lieu le congrès international des WOPs organisé par GWOPA. A cette occasion, le réseau France Eau Publique et plusieurs de ses membres ont participé à une table ronde sur les enjeux de coopération internationale entre pairs pour les acteurs publics français.
A l’occasion de la 4e édition du congrès mondial des WOPs GWOPA (Global Water Operator’s Partnerships Alliance), le réseau France Eau Publique a participé à une table-ronde digitale le 21 octobre 2021 sur les enjeux de coopération pour les acteurs publics français. Retour sur les principaux points évoqués.
Eau du Bassin rennais est un syndicat mixte qui regroupe de 72 communes représentant 530K habitants. Compétente en matière de production et de distribution d’eau, EBR est depuis 2015 actionnaire majoritaire d’une SPL éponyme qui s’inscrit dans une démarche de coopération internationale via le 1% de loi Oudin sur l’eau potable. Elle subventionne notamment des associations du territoire qui réalisent des actions de coopération en Afrique et en Asie ou par le biais de coopération entre pairs avec la ville de Beitunia (proche de Ramallah) en Palestine.
A la différence d’Eau du Bassin Rennais, la régie municipale de la ville de Paris n’est pas gestionnaire du budget de coopération : elle joue un rôle d’assistance technique auprès de la ville de Paris, gestionnaire de ce budget. Deux actions ont été présentées au cours de cette table-ronde : une AMO avec la ville de Jéricho ciblée sur la sensibilisation à la consommation raisonnée de l’eau et le développement d’un système de facturation, et un WOP mis en œuvre entre 2015 et 2018 avec la ville de Bethléem.
Le SDEA Alsace-Moselle mutualise les compétences de l’ensemble du cycle de l’eau pour près de 700 communes. Il mène une politique de coopération intercommunale depuis 80 ans, qui s’inscrit dans le cadre de l’ODD 6 ainsi que dans la démarche RSE du syndicat. La volonté développée depuis les années 2000 en termes de solidarité internationale n’est pas de financer les projets mais de faire plutôt émerger une gestion publique de l’eau. Les actions engagées reposent sur deux dimensions : un volet d’aides ponctuelles pour des projets portés par des associations du territoire, et un accompagnement dans la durée par voie conventionnelle, avec mise en place d’une AMO (création de lien avec les acteurs locaux, recherche de financements…). Trois dossiers ont été présentés : la création d’une structure de gestion de l’eau au Cameroun, un diagnostic technique et institutionnel des outils de gouvernance en Moldavie, et l’instauration d’un syndicat intercommunal au Cambodge.
Conclusion
De manière générale, en comparaison avec les autres pays européens, la France bénéficie d’un cadre idéal pour participer à des WOPs. Elle ne présente en effet que peu de réelles contraintes sur le plan financier et dispose de nombreuses compétences, avec un réseau d’acteurs publics étendu sur tout le territoire. En termes d’image, la coopération internationale bénéficie d’une perception globalement positive de la population, majoritairement sensible au fait que l’eau est un enjeu qui dépasse les frontières.
Les atouts de tels projets de coopération sont partagés par tous :
- Des projets valorisants pour les équipes
- Qui permettent le développement d’un lien interculturel fort
- Vecteur de mobilisation pour les citoyens
Mais les acteurs publics français identifient plusieurs freins :
- Freins politiques
- Manque de volontaires/ difficulté à mobiliser en interne,
- En particulier difficulté à trouver des agents anglophones prêts à accepter de partir en mission à l’étranger
- Sécurité sanitaire ou des personnes : réticence au voyage dans certains pays.
D’où un besoin d’une plus grande mutualisation des compétences entre acteurs publics français pour pouvoir s’investir dans des partenariats internationaux.
Quelques pistes de recommandations pour les acteurs qui souhaiteraient se lancer dans l’aventure :
- Privilégier un faible nombre de coopérations pour une meilleure qualité d’actions.
- S’appuyer sur des acteurs locaux afin de consolider le cadre d’intervention (prise en charge du support logistique, prises de contacts locaux, prises de rdv…) pour libérer du temps et se focaliser uniquement sur les compétences de fond.
- S’appuyer sur la transversalité des projets au-delà du technique : adaptation au changement climatique, enjeux sociaux, culturels… En ce sens, les partenariats internationaux sont autant d’opportunités pour développer la sensibilisation et la mobilisation des citoyens, en favorisant la création de liens et d’échanges interculturels. Les projets sont également autant d’occasion de valoriser l’action de la structure d’un point de vue institutionnel.
La France dans la coopération internationale en quelques chiffres – PSeau – 2020
- 12,2 millions d’euros mobilisés via la loi Oudin
- 84 collectivités
- 350 projets E&A
75% des actions menées sont des actions de financement pur et ne mobilisent pas de savoir-faire technique sur le terrain.